Numéro d'édition: 1813
Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Armand Rassenfosse
Lieu de rédaction
Corbeil-Essonnes, Demi-Lune
Date
1894/03/31
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6957/19/142
Collationnage
Autographe
Date de fin
1894/03/31
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Croquis
Paris DULUC19 Rue de Grammont
31 mars 1894.
Demi-Lune
Mon Cher Rassenfosse
Je ne peux que te confirmer ma lettre. Le vernis me paraît réellement bon. Il « tient » tellement que la thérébentine a peine à l’enlever ! La transparence n’est pas un défaut. Peut être en y ajoutant une matière souple pourrait-on s’en servir comme vernis blanc sec à tous usages. Bravo ! Je te refélicite de tout cœur. Je retourne demain Lundi à Paris malgré mon désir de rester couché ici au soleil.
L’atelier avance rue des Blancs-Manteaux, ou plutôt rue du Marché des Blancs Manteaux, j’oublie toujours ce mot là, et alors les cochers de fiacre me conduisent rue des Blancs Manteaux, et me déposent au Mont de Piété !
Donc nous voici armés, & nous devons faire des choses curieuses ou jamais !
Encore un rien : Souvent sur des morsures trop légères, le vernis posé et recouvert du papier, ce qui fait deux épaisseurs, il est impossible de distinguer le travail premier. Ne crois-tu pas qu’en retraçant le dessin « à l’encre » tout simplement, sur le cuivre nu, on pourrait opérer plus facilement, sans que cette encre fasse une remorsure ? *
Il y a encore le « Barége », on peut en faire des traits légers avec un petit pinceau. ???
J’espère que tu viendras vers le 10 ou 12 juin. Nous inaugurerons l’atelier par une grande eau-forte avec « couvertures !! & à mon tour je t’initierai à quelques petites découvertes relativement à « l’ŒUVRE » et qui je crois peuvent être très utiles. Dans nos recherches, il y a un certain vernis Élémi qui jouait un rôle important, et pourrait rendre des services. Il tient en diable mêlé au Copal, mais la vrai supériorité du nouveau vernis c’est sa grande siccité, qui est la chose la plus importante, et enlève la réussite pleine. N’as-tu pas dans tes papiers, dans tes fardes vernimousseuses, la « recette » de l’ambre ? Je voudrais en faire préparer et je ne peux mettre la main sur le petit cahier où je notais mes espoirs et mes désespoirs relatifs à « l’œuvre ». Je le retrouverai certainement, mais quand ? Vois donc un peu dans tes archives.
Monziès m’est venu, avant-hier triomphant, avec un vernis mou blanc, de son invention, mais combien faiblot à coté du nôtre ! C’est la boule à vernis blanc ramolli par des suifs qui en fait la base, pas de transparence réelle, pas de solidité, « del jotte » comme on dit à Namur, l’enfance de l’art !
Je t’écris avec une plume Gilliott, bonne pour le dessin, mais atroce pour la calligraphie !
Ne néglige pas de pistonner de temps à autre le bon Dewitte, sans trop l’embêter toutefois !
Et envoie moi tes essais avec le nouveau vernis, le noble « Électric !»
Ne fais-tu pas de lithographie avec les nouveaux procédés ? Ici c’est « la folie » ! Tout le monde en fait ! excepté moi !
À toi, & à bientôt,
Bonnes amitiés & Compliments aux tiens.
Fély
J’espère que la santé de ta mère se maintient à un satisfaisant statu-quo. Ici : des tas d’expositions, celle de Odilon Redon vue d’ensemble a du mérite & on sent qu’il y a là quelqu’un.
Détails
Support
1 feuillets, 2 pages, Papier de qualité, Crème.
Dimensions
226 x 229 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir. En-tête: Duluc Paris.
Copyright
KBR