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Demi-Lune, Essonnes.
12 Nov. 1894.
Mon Cher Ami,
Je ne peux te dire le plaisir que j’éprouve en apprenant la presque guérison de Madame Rassenfosse.
Je suis non pas malade mais atteint. Ah ! ce cœur a bien le droit d’être malade. Depuis soixante ans il tressaille à toutes les émotions comme une harpe éolienne, & ce qui le tue, c’est que ce n’est « pas fini ! et la moindre fillette qui se silhouette à l’horizon le remet en état de souffrance et comme les « Christs » du moyen âge dont les plaies redevenaient saignantes quand les embrassaient les Vierges, le ressouvenir ou l’effleurement des jeunes baisers me ramène au cœur tous les beaux battements des nuits bénies et les doux étouffements des extases anciennes!
Je mourrai cardiaque et impénitent. Viens quand tu veux et le plus tôt sera le mieux.
Seulement préviens-moi deux jours, au moins à l’avance, afin que je puisse être à Paris, et viens avant le 25, pour que tu puisses voir encore l’exposition du Livre qui est très belle, & que nous visiterons ensemble.
À bientôt mon ami, je
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t’ai écrit une longue lettre, mais je l’ai égarée.
Tous Mes meilleurs Compliments à Mme Rassenfosse jeune, & embrasse tes beaux enfants pour leur vieil ami. Nous ferons cette fois une grande planche !! dans le nouvel atelier ! qui sera prêt, à tout !
Ton ancien copain
F.R