Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

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Décidément, Mon Vieux Rass, la télépathie a du bon, et « elle devine » si elle ne voit pas. Je souffre de plus en plus et comme tous ceux qui ont été trop gâtés, je tombe facilement en humeur noire, et j’ai surtout grand peur d’ennuyer mes amis de mes Jérémiades. On ne doit à ses amis que des heures roses, et à ses amies que les heures ensoleillées. Puis s’il n’y a pas de maladies aimables, cette affection cardiaque est spécialement déplaisante parce qu’elle arrête par l’étouffement, par le manque de souffle, toute expansion, toute manifestation extérieure, chez moi, un perpétuel manifestant !! D’où mon silence & mon renfrognement ! Cela passera, je compte sur l’air de la Bretagne. J’ai été labàs deux ou trois jours pour affaires. L’achat d’un lopin de sable de trois sous, mais avec lequel on aurait pu, plus tard me faire chanter et me boucher un passage qui m’est nécessaire.

« Qui terre a, guerre a ! disait Charles le Téméraire.

À propos de la Guymorais n’oublie pas ou plutôt n’oubliez pas car je comprends dans ma réclamation notre excellent ami le docteur Henrijean, que tu m’as promis de venir passer quelques jours labàs. Le voyage ne coûte pas cher : 38 frs aller & retour en grande vitesse de Paris à St Malo. On part à 9 heures 40 et on arrive à St Malo à 7 heures du soir. Je vous attendrai à St Malo, et nous coucherons à la Guymorais le jour même. Je vous dirai

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le jour où j’arriverai à la Guymorais, – (le 20 Aout probablement.) Je compte sur ta parole & sur mon docteur !

Je vais lui écrire. Je ne sais si je lui ai envoyé mon portrait. Dis-moi cela.

En attendant ce qui m’a fait le meilleur effet et m’a le plus soulagé c’est l’iodure de Sodium à haute dose qu’il m’a ordonné.

– Envoie-moi des épreuves de tes derniers travaux, te prie. Ne mêle pas trop les procédés, je crois que ce systême ôte de la franchise et de la résolution, – de la netteté, dans l’exécution d’une planche.

À propos, j’ai vu hier M. Dumontde l’Épreuve, il recevra avec plaisir des planches de toi, envoie les plus bizarres, cela n’en vaudra que mieux. La collection de l’Épreuve est créée pour faire paraître & soutenir toutes les nouveautés avant tout. Et les trouveurs de procedés nouveaux y sont célébrés dignement.

Je vais m’occuper à l’instant d’obtenir l’ambre, envoie moi par retour du Courrier, la vraie formule, à l’instant j’irai chez le chimiste. C’est pour m’éviter de nouvelles recherches que je te demande cela ; – fais vite.

Je suis content de vous voir arriver à figurer tous aux Estampes. C’est toujours bon.

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