Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

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Je te remercie des bonnes intentions que tu as pour moi, mais pas d’article avec mon nom pour le Grécourt !! En règle générale quand je ne signe pas c’est que je ne tiens pas à être connu. Tu peux parler de l’artiste inconnu si tu veux ! –

De même pour « Christemaecker ». Je le préviens que tu passeras chez lui prendre un exemplaire du Christ au Vatican pour en parler dans l’Europe & dans la Revue ArtistiqueDonc passe chez lui. Tu auras assez à dire ton opinion sur moi cette année, car je pioche rudement & des choses importantes ! – Je remettrai Lundi à Nys les premiers cuivres de ton volume, mais il aurait mieux valu que cela fut tiré là bàs à Bruxelles. & Nys à sa presse !!! Quel cochonneux de Gouvernement !!!!!

Envoie moi mon croquis, un croquis

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(que tu feras en cinq minutes) à la diable c’est toujours bon.

Je suis accablé de besogne comme les sous-lieutenants de la chanson, je prie même ma petite amie Jehanne de vouloir bien attendre jusqu’au cinq janvier pour la réception de son cuivre de la Soubrette. Quant à toi je tâcherai d’arracher le cuivre « de la bottine » à un de mes amis qui le détient & j’y ajouterai ton monogramme pour tes étrennes.

– Et moi aussi, Mon Vieux, je préfère mes croquis des marges au Christ au Vatican, mais le Christ m’intéresse parce que : 1° Il faut que la pointe varie suivant les sujets 2° Il faut prouver aux académiteux que si l’on voulait on ferait ce qu’ils appellent du « style ». Puis mon Christ est cocâsse & va à l’encontre des traditions religieuses ! Tiré par l’imprimeur d’Anvers c’est horrible : les parties peu mordues deviennent grises & les parties grasses deviennent lourdes : pas d’harmonie pour un sol !

Tu recevras dans quelques jours des tas de lettrines faites pour

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des belles dames de mes amies, – un beau & drôle « menu » – Une grande pancarte, eau forte, pour une romance bête de Van den Eyde tirée à 30 exemplaires & commandée, – à prix d’or ! par Edmond Picard. Drôle cette pancarte ! – C’est mordu à la diable, mais elle est nerveuse et un peu enragée. – Je crois que c’est une planche curieuse dans ma collection vraiment.

– Tu as eu tort de faire une photogravure de ton menu. Au fond la photogravure ne rend que le dessin sans nerfs et sans esprit. Il n’y a pas communication de l’artiste au métal, – Je ne parle pas même des morsures qui sont toujours atrocement lourdes, d’un ton canaille & d’un résultat baveux & bredouillant.

Evely fait bien mais il ne peut pas donner de nerfs au Cuivre galvanique, ou plutôt « galvaniqué » – Voici comme je procède maintenant pour toutes mes planches (de dimension) gravées à la pointe : Je fais un dessin à la plume, je fais reproduire par Lemercier le dessin sur cuivre par le procédé Lucas simplement. Le procédé Lucas vous donne un décalque photographique (sans gravure) sur planche de cuivre l’image photographique est recouverte d’un vernis transparent. À travers ce vernis je grave fac-similairement mon dessin. Voilà. Je fais mordre ce

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travail, puis je reprends les parties défectueuses. J’évite ainsi les décalques & les recalques, toutes choses qui ébrèchent la verdeur d’un dessin. – Pour te servir de l’Evely tu devrais faire des travaux spéciaux acceptables en photogravure. –

Au Galop – En Steeple chase !