Lettre de Félicien Rops à [Félix] Nadar [Tournachon]. Corbeil-Essonnes, 1890/10/00. Paris, Bibliothèque nationale de France, NAF/24284/562 et NAF/24284/563
Page 1 Recto : 1Demi-Luneoct 1890Mon Cher Nadar,Je viens invoquer ta vieille amitié, qui m’est précieuse, plus précieuse que tu ne peux en juger par mes actes, ou plutôt par mes « non-agissements ». Donc il faut avant tout, que tu n’imputes pas à mon cœur les défauts de mon esprit, & qu’à l’instant, tu me fasses ta bonne figure & ton large sourire tout comme si je t’avais écrit six fois depuis le mois de juin, & j’avais été moi-même tous les quinze jours prendre des nouvelles de ta chère femme que nous aimons tant, & de toi-même. Il faut que tu saches que je suis un être non « singulier » du tout, mais très incompréhensible, même à moi-même. J’ai été doué à mon berceau par beaucoup de très belles personnes qui exerçaient la profession de fées, et qui avaient été invitées par ma mère à venir doter son fils d’une foule de dons variés. Mais la « Fée oubliée » la terrible bancroche que l’on oublie toujours ! est apparue à son tour, et se penchant sur mon berceau m’a dit : Je ne peux t’enle