Lettre de Félicien Rops à Eugène [Demolder]. Paris, 1893/01/27. Paris, Ancienne collection du Musée des lettres et manuscrits, 72039/27
Page 1 Recto : 1Paris 27 Janvier 1893.Voilà un grand mois que je veux te répondre Mon Cher Eugène, & que je remets cette réponse de jour en jour, sans raison, veulement, bêtement. Je te remercie de ta bonne lettre, qui m’a fait grand plaisir, vraiment. D’ailleurs je compte cette année, si cela te va, entrer en correspondance avec toi, & fréquenter chez mon cousin. Je ne t’ai pas écrit depuis un an, pas plus que je n’ai écrit à Paul, parce que je viens de vivre moralement & physiquement une terrible année ! J’ai passé à côté, – en la frôlant, – de cette horrible chose : la Cécité ! Juge de mes angoisses d’homme & d’artiste. Mon défaut, et ce défaut est je crois, peut être, une très noble & très distinguée qualité : c’est d’avoir la plainte « difficile ». La mort, comme la clamaient les Anciens, me semble préférable au gémissement. La plainte attriste ceux qui vous aiment & fatigue l’Amitié, sans l’intéresser excessivement. Je crois que c’est moi qui ai dit quelque part, (je n’en suis pa