Numéro d'édition: 0165
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Léon Dommartin
Lieu de rédaction
[Mettet], [Château de Thozée]
Date
1872/08/04
Commentaire de datation
Datation sur base de l'apostille.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
LEpr/224
Collationnage
Autographe
Date de fin
1872/08/04
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops, Province de Namur
Apostille
4.VIII-72
Page 1 Recto : 1
Mais je n’ai rien à te dire, ni à t’écrire Mon Cher Léon, – Je ne te demande ni t’ai demandé aucune explication. Pourquoi ? Je savais que tu me répondrais : J’étais fou – affolé, sensible « ne sachant pas ce que je faisais » – Je connaissais cette réponse : Tu me l’avais faite il y a un an lorsque je te reprochais – sous mon toit – d’avoir trahi bêtement notre amitié, niaisement, – toujours par pleurnicherie de sentimentalité – en divulguant à
Néanmoins : je t’ai pardonné, ce que je n’avais pas fait précédemment envers un autre ami pour une indiscrétion bien plus légère. – Tu avais rendu impossible tout rapprochement entre moi &
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infamies & cela d’après les gens estimables dont nous venons de parler ! – Tu es encore tellement stupéfié par ton engouement testiculaire, que toute ta dernière lettre ne signifie que ceci : « Vois-tu Mon Cher Ami si tu as fait tout cela c’est par amour-propre piqué, c’est que tu es amoureux de Mélanie, c’est que tu es vexé » & la fin de ta lettre : un pur chef-d’œuvre cette fin de lettre ! Je copie parce qu’il faut conserver ce texte qui m’a fait tomber les bras d’étonnement : « Si tu t’obstines à garder le silence encore, cela me prouvera que j’ai absolument raison & que tu n’as rien cherché en tout ceci qu’à te tirer d’une situation qui ne t’allait pas & aussi à te laver – à d’autres yeux que les miens des reproches qui t’on été adressés. »
( !! !! ! ) – Sublime ou incompréhensible ! La situation de qui ? de quoi ? est ce que je suis dans une situation quelconque ? & me laver à quelles yeux ? – Sérieusement mon pauvre garçon : est ce des yeux des Mélanie que tu as voulu parler ? – Tu en es là, à croire que « je veux me laver aux yeux de Mélanie » C’est encore plus bas que je ne croyais. – Mais tous les jours on fait la cour à une fille quelconque & elle vous écrit ensuite une lettre d’injures & de poissarderies variées – mais cela arrive toujours, cela ! & cela vous procure un bon moment de gaieté.– Ah ! c’est peut être aux yeux de Stany ? – Tu crois donc qu’il faut me réhabiliter dans ce ménage ?
Page 1 Verso : 3
Mais – bon garçon que tu es – j’ai adressé des témoins à Kindt pour mon plaisir personnel & non pas pour MmeMélanie Stany – je l’espère bien – (c’est cela qui m’eut jeté aussi en joie !) – Tout simplement parce que cela m’amusait de voir les dessous de tout cela & pour aucune autre cause ! & puis parce que si je permets à MmeMélanie & à Stany – à cause des indulgences qu’on a pour la couche sociale à laquelle ils appartiennent, de dire, écrire & chanter tout ce qu’ils voudront sur moi – en dehors du commissaire de police ; – je ne le permets pas à un honnête homme comme MrKindt. & voilà pourquoi j’ai fait ce que je devais faire.
Et pourquoi te faire des reproches ? ou t’écrire ? ou tâcher de te faire ouvrir un œil ? – c’est impossible ces choses là & on y perd son latin & son français. Tu m’aurais répondu comme la première fois : j’étais affolé » – reponse commode facile agréable – pour soi – qui permet à un ami de jouer à un autre ami tous les tours répréhensibles sans que celui-ci puisse s’en plaindre, ou même trouver cela mal.
Aussi je ne t’expliques rien, – j’ai écrit à Gouzien tout ce que j’avais écrire à ce sujet, il a dû t’en faire part.
Tu as raison, – j’ai toujours dit que jamais une femme ne me brouillerait avec un ami & je défie que l’on trouve dans ma Vie un nom de femme placé au dessus d’un nom d’ami. – Je n’en connais pas à laquelle j’aie jamais sacrifié même une journée à passée avec toi ou Armand.
Page 1 Recto : 4
Les pleurnicheurs dans le sein des femmes, – corporation touchante dont tu fais partie, appellent insensibilité de cœur & se déversent en confidences dans le premier cotillon venu, « se dévouent » et se trouvent héroïques. – Moi aussi je pleure parbleu ! – demande aux femmes ! mais s’il m’avait pris fantaisie d’écrire à Léon Dommartin les lettres que tu m’as écrites & de prendre au sérieux les gens mâles & femelles dont il est question là dedans je me serais esclaffé de rire – à mon propre nez pendant six heures ! C’est alors et c’était le vrai moment d’avoir la tête d’augure dont tu parles ! – et de la garder !!
Donc je ne t’écrirai pas, je ne considère pas ceci comme une explication & je n’en veux pas avoir a propos de ces gens là dont Stany est le plus fort & le plus intéressant. – Il est temps de chlore cette histoire, le mot est de Gouzien et il est juste.
Quand je te verrai, tu pourras je l’espère en parler à tête & à reins reposés.
– En attendant restons en là cela vaut mieux. Quant aux lettres tu as parfaitement raison : J’y tiens beaucoup, cela pourrait un beau jour retomber sur la tête de
Inutile, à moins que tu ne le juges absolument nécessaire, de montrer cette lettre à Mélanie n’est ce pas : Elle se croirait obligée de se répandre en littératures sur ma tête et elle te forcerait peut être à faire la lettre pour se venger de moi.
Donc Mon Cher Léon j’espère que tu useras de ton influence pour remettre ces lettres à Gouzien,
Page 2 Recto : 5
Ne les envoie pas ici je n’y serai plus & je n’aime pas que ces choses là errent de côte & d’autre.
Je te demande cela, non pour moi, puisque comme tu me le dis, tu ne le ferais pas pour moi – (je ne sais pas pourquoi, car moi, je le ferais vingt fois pour toi si tu me l’avais demandé !) – mais en souvenir de notre ancienne amitié & pour
Je te serre la main de bonne camaraderie
Fely
Thozée.
Détails
Support
2 feuillets, 5 pages, Vergé, Crème.
Dimensions
209 x 268 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
musée Félicien Rops (Province de Namur)