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Demi-Lune 25 mars 1893.
Mon Cher Vieux,
grand merci de tes jets de houblon. C’est délicieux & je vais en planter dans tous les coins de mon jardin, décidément. Puis tout ce qui vient du pays a une saveur particulière ! Tu comprends que depuis que Eugène Demolder a découvert dans l’Art Moderne que j’étais aussi Flamand que toi, tout ce qui vient de ma nouvelle patrie est encore meilleur ! Je ne veux pas faire mentir le gros cousin ! Décidément la terre Wallonne ne produit ni peintres ni dessinateurs, il n’y avait qu’Artan & moi, Artan est Batavo-portugais, & me voilà flamand comme un
carabitje
! Fichue la ville de Namur si elle compte sur ma statue pour orner la place St Aubin ! C’est Audenaerde qui l’emportera, ou Malines ! Cela fera un potin ! Me voilà forcé d’apprendre le Flamand ! Depuis l’article de Demolder, les
Godferdoum
naissent sur mes lèvres comme les roses sortent de la bouche des Fées, – et j’ai l’accent !! Celui que devait avoir mon arrière grand père. Moi qui ai toujours trouvé les Flamandes les plus belles filles du monde ! C’était la voix du sang !
Aussi mes dessins sont titrés maintenant :
Schoon Masken, – Oude Kate, etc etc.
À toi Mon Vieux frère en Rubens, et embrasse toute ta belle famille pour moi !
Félicien Rops
Je te raconterai comment cette fripouille
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de Popp, je parle de sieur Popp Adolphe, s’est conduit avec moi, à propos d’un dessin qu’il avait fait reproduire & dont il vendait les épreuves ! – Jolie fripouille, je l’ai d’ailleurs traité du haut en bas, de simple escroc. Il n’a pas bougé !!