Lettre de Félicien Rops à [Eugène Demolder]

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je reviens des champs, où j’ai été « planter »

Passe encore de baiser

mais planter à cet âge !

Au retour j’ai trouvé ton mot au crayon me demandant dans quel n° du Punch tu trouverais les figures pincées par Knopft – est ce enfin comme cela que s’écrit ce sale nom ! Mais mon vieux, il me faudrait dix heures d’affilée pour feuilleter page par page la collection du Punch de 1862 à 1882 !! ! Je l’ai cette collection, elle est à la Demi-Lune, à la campagne, mais il me faut des loisirs, et j’ai tellement flané, flanoché, fainéantisé depuis huit mois, qu’il me faut m’atteler à un tas de besognes qui ne me laissent plus le temps de pisser, et que je fais tout, même les choses les plus exquises « au galop » alors qu’on voudrait se délicieusement attarder !

Si cela était égal à notre ami Brouez, je crois qu’il vaudrait mieux pour les articles de la Société Nouvelle que je garde mon ancien pseudonyme de l’Illustration Belge : Un Monsieur en habit noir ou encore : « L’Homme aux rubans verts » que j’avais au

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Panurge. J’en serais plus libre.

Il est bien entendu que je ne fais pas une chronique Parisienne, mais « des articles » sur Paris et tout ce qui en tient, sans préjudice du reste, – enfin « des articles ! » sur Jean, sur Pierre sur Paul sur machin sur X, etc etc. Tout ce que je peux promettre c’est que rien ne peut & ne pourra m’empêcher d’assouvir ma vieille haine de la bourgeoisie : La plus instruite & la plus sotte, des classes dirigeantes. Voilà, je commencerai en février-mars. Il peut compter sur moi, je commencerai par le Salon des Aquarellistes probablement. Tu comprends que si je signe, – (Si Brouez y tient, je signerai !) – il y a toujours un tas de chats à ne pas fouetter !

Dis un mot de cela à Brouez, et réponds moi.

– Ne crains rien ! la collection Eugène Demolder aura lieu. Tu seras mon exécuteur testamentaire. Tu conduiras ce deuil rose, car mon corbillard suivra les femmes, c’est certain ! On mettra sur ma tombe : «Hic jacet Doctor artis roseae! », & on l’arrosera d’oppopanax ! (on doit dire oppapAnax et pas oppopOnax ! L’oppopanax est un Panais ! (ombellifère !) Je sais tout !! comme le secrétaire de Mac Mahon ! Je suis un puits, te dis-je !

Je parlerai peu des Aquarellistes, mais beaucoup des Académiciens en mes verbiages.

Je vais lire ton livre ! Uzanne fonde un nouveau journal pour remplacer le Livre Titre : Le Livre Moderne. Cela sera bien,

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Veux-tu que je demande pour toi la Correspondance Belge ? : un mot sur tous les livres qui paraissent en Belgique. On ne paie pas, on te fera le service du journal. –

– Mon opinion sur mon Bonhomet ? frontispice de chez les Passants ? – Très mauvais ce frontispice : voilà. C’est lourd, veule & l’idée est quelconque. Un mauvais Rops !! Je ferai aussi un article sur les Puvis de Chavannes de la Sorbonne, – sur les poêtes du ruisseau avec des citations de strophes : …….

Je vas vous dire où ça les mène

Faut pas que ça vous fasse crier !

Les uns s’en va à Cayenne

Et les aut’s y s’fait curé !

Seulement, encore, il faut que je sois tout à fait libre dans mes entournures, et que même en ce lieu grave où l’on rêve de sauver une société qui ne veut pas être sauvée, je puisse rire un peu de tout, & même en pleurer au besoin, si telle est mon plaisir. – Et il faut qu’on me laisse écrire d’où je voudrai ; ainsi si je suis à Pesth j’écrirai de Pesth. Et si je suis à Porquerolles, Porquerolles aura lieu ! Enfin « des articles ! »