Numéro d'édition: 0600
Lettre de Félicien Rops à [Henri Liesse]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Henri Liesse
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1882/01/11
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
III/215/3/17
Collationnage
Autographe
Date de fin
1882/01/11
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
11 janvier 1882
Mon Cher
– L’autre soir, j’ai été comme un étourneau, t’attendre pendant une demi-heure à la brasserie Muller, & ce n’est qu’au bout d’une demi heure que je me suis rappelé que nous nous étions donnés rendez-vous à la Taverne Hongroise. J’ai été à la taverne Hongroise il était 9 h. 20 minutes & tu en étais parti, probablement, si tu y as été, ce que j’espère.
Quant tu viens à Paris & tu y viens souvent, tu pourrais me prévenir par un mot nous passerions un bout de soirée ensemble & cela me serait fort agréable je t’assure. Puis il faut un peu fréquenter les jeunes !!
Reçu une invitation « [illisible:barré]
– Je tiens trop à ma gaieté pour la compromettre avec ce gros de littérateurs
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qui font de l’art, tristement, comme si cela était défendu par le commissaire.
– Que veux-tu, je ne peux me défaire de la joie que j’ai ressentie en venant au monde & la vie a beau me faire des grimaces, jamais je ne lui rendrai la pareille. Tous mes amis m’attristent. – « Si j’étais sur un ponton, – & j’y ai été, – je trouverais encore des joies à la vie, disait cet intrépide Malassis ! » – Un apologue :
Quelques amis s’en vont de concert un beau matin. Ils chantent en partant leur jeunesse, & celle de la journée. À midi la fatigue se fait déja sentir, deux ou trois des compagnons se sont tûs, un petit groupe chante encore. Le jour tombe, plus de chants ! Un seul, continue la chanson commencée au matin & célèbre les rayons du Soleil couchant & la douceur du Crépuscule, comme il avait salué la fraîcheur de l’Aurore & la splendeur de Midi. – Mon Cher Liesse je crois bien que je serai celui là ! – Je ne sais si c’est tant pis ou tant mieux, mais c’est ainsi. J’ai remarqué que lorsqu’on a en soi le caractère d’un des âges de la vie, on le conserve toujours dit Alfred de Vigny.
Je te raconte tout cela parceque je viens de recevoir une lettre d’un de nos amis de Belgique qui m’a fait l’effet d’être écrite par feu mon
Ah ça sacredié il n’y a donc plus de fleurs ! – Les Hannetons seront là dans un mois, les premières violettes ont fleuri derrière les haies de troènes et la grande hellébore de Noël verdoie dans les taillis de meudon, & ils sont tous à parler « Pot-Bouille ! » – Alors ne relisons que St Jérome ! As-tu lu St Jérome au moins ? Je l’ai lu moi et traduit ! & j’ai traduit Sidoine Apollinaire, un homme aimable & qui m’a paru tel quoique je le connusse en pensums & St Savinien aussi ! Et je n’en suis pas mort !
Après ton roman, fais du théatre mon vieux, il n’y a plus que cela à faire au 19e siècle si l’on veut devenir riche & populaire. J’ai vu hier la pièce d’Hennequin, c’est du « gros théatre » mais c’est gai & très vivant en cela.
Le siècle a assez de tristesses crois-moi, il demande une détente. –
D’autant plus que Georges Ohnet n’est pas « plus vrai » qu’Hennequin. Georges Ohnet est un fils naturel de Dumas fils, voilà tout. Il est cela, et c’est assez pour être reconnu & adopté par le public.
À toi Vieux
Fély
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Franchement préviens-moi ou veux-tu que je te prévienne ? Je voudrais passer quelques heures avec toi « à nous rémémourer les chouses » – Nous dînerons avec Uzanne & nous irons voir les
À toi
Fély
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Dimensions
173 x 223 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR