Numéro d'édition: 1386
Lettre de Félicien Rops à [Edmond ]
Texte copié
N° d'inventaire
ML/03091/0005
Collationnage
Autographe
Date de fin
1879/06/24
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Archives et Musée de la Littérature
Page 1 Recto : 1
Paris le 24 juin 1879.
Mon Cher Edmond,
Merci de la recette. Tu vois que tout le monde ne sait pas cela puisqu’ici toutes les recettes ont pour base le bois de Panama. Ce que tu me dis de Montjoie me ravit. 4 frs par jour ! Mais nous irons ! – Puisque tu ne viens pas t Pair dont nous parlait toujours Rane, vis à vis le mont St Michel ! on y vit pour rien & le voyage ne coûte pas très Cher. – Il parait que Carol est exquis, – je te dirai cela. N’oublie pas mon volume des Environs de Paris !! ni les tableaux de MlleBrankaërt !! –
Émile Hermant est au camp ! Et je t’assure que l’intimité avec elle a des douceurs « spéciales ».
– Ne parle-t-on pas du tout français à Montjoie ? Étrange. C’est un ancien fief français. Comment s’appelle « la bonne Auberge » ? – La boisson est-elle comprise dans ce prix de 4 frs ? –
Je reviens de Lardy & du château de Chamarande. – Quel coin à orchidées que ces grès croulants des bords de la Juine ! Prends note de la bothrÿche lunaire Bothrychium lunaria adorable fougère que je retrouverai pour ta collection, elle est rare
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– Fontaine a eu tort de ne pas venir me voir. Après l’offre de l’hospitalité complète que je venais de lui faire, c’est un peu trop « Belge » – C’est « une crasse » comme dit Mes Bottes ! – Mais j’ai un fort fonds de philosophe à l’égard de ce genre de procédés. – Je ne lui en dirai pas un mot. Que veux-tu ici on n’est plus fait à ces façons. Entr’autres bons côtés, Paris a celui de vous ramener à la courtoisie & la politesse de notre éducation première, toutes choses que les brumes de grossièreté sous les quelles on vit en Belgique ternissent et rouillent, et dont le frottement velouté d’ici fait reparaître le brillant. On est tout heureux de se retrouver homme du monde & de bonne compagnie. On veut plaire aux autres & leur rendre l’effort tout aimable qu’ils font pour plaire eux mêmes. – C’est Charmant. – Hier j’ai été chez Léon Clapisson à un dîner « d’hommes ». Tu sais en quelle saoûlerie & en quelle platitude cela tombe chez nous au bout d’un quart d’heure. Il y avait d’hervilly, Charpentier, l’éditeur, un sculpteur & un peintre Georges de Dramard. Tu ne peux t’imaginer le charme je dirai presque féminin dans lequel tout cela s’est maintenu pendant six heures. Ô l’agréable peuple quand on est arrivé à le connaître, – et les jolis tons de demi-teinte ! – Il faudra à Liesse six ans pour la voir même cette demi-teinte ! – Il est visiblement gêné à travers tout cela, – il devient violent et exclusif dans ces réunions, et il prend le silence du blâme pour le mutisme de la défaite. – Il trouvera la note – mais il lui faudra du temps, – il m’en a bien faillu à moi qui avais du monde cependant. – Puis le milieu qui l’entoure est bourgeois et manque d’esprit & de ressort. – Mais je te l’ai dit son talent le sauvera de tout ridicule & il en a beaucoup.
J’avais préparé l’affaire de l’entrevue avec la jolie petite demoiselle au million ½. Tu dînais là avec moi. C’est pour cela que j’insistais pour te faire faire ce voyage de Paris. – Réfléchis
Très sérieux
Tout ce qu’il y a de plussérieux.
Détails
Support
1 feuillets, 2 pages, Quadrillé (quadrlllage carré), Bleu.
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
AML