Lettre de Félicien Rops à [Armand Dandoy]

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Mon Vieux comme tu le verras par la lettre ci-jointe, lettre du chef de Gare de Moulin-Galant, je t’avais il y a quelques douze jours, adressé un colis de rosiers, & par malheur, j’avais oublié de joindre à cet envoi un certificat constatant 1° qu’il n’y avait pas de Philloxera dans mon carton, 2° que les plantes étaient envoyées les racines nues &c &c enfin un tas de stupidités que les Belges, les Suisses & les Français ont décrété d’obligation au Congrès de Berne. Tu vois quel soin la Belgique a de son vignoble de Mariensberg ! Bref mon vieux, je t’envoyais quelques rosiers rares en Belgique, je doute fort qu’ils ayent pu arriver à bon port, & que ce long séjour dans les gares n’ait pas tari en eux tout espoir de reprise. Je t’écrirai Lundi toutes sortes de renseignements sur ces rosiers

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sur leur emplacement, sur leur aspect, sur leur culture. Garde bien les étiquettes surtout ! – S’ils ne reprennent pas, je te les remplacerai en Novembre. Tu me diras ceux qui ont repris, & ceux qui n’ont pas repris, – c’est pour cela que je te prie de bien garder les étiquettes & au besoin d’en remettre de Nouvelles. Tu achèteras, puisque te voilà horticulteur, à Bruxelles chez un marchand de graines un cent d’étiquettes en zinc, de l’encre pour écrire sur le susdit zinc, & tu seras monté pour longtemps.

En Novembre je continuerai mes envois, de sorte que tu deviendras le premier rosiériste de la province !

Mais en revanche ! Ah la revanche ! En revanche tu vas descendre dans ta cour, pas demain, tout de suite, avec un bon canif, & tu me couperas une douzaine de branches de la plante grimpante que je t’ai donnée, « la plante de la Motte » comme nous disions au vieux temps, tu sais la plante qui se fixe par des racines à la muraille, tu envelopperas cela soigneusement & sans perdre de temps car ces boutures souffriraient, (tu les envelopperas d’ailleurs dans un peu de mousse humide,) tu m’expédieras ce petit colis par colis postal. Informe toi s’il te faut, aussi à toi, signer « des papiers », cela pourrait bien être ! Tu marqueras sur le susdit colis l’adresse suivante :

À MrFélicien Rops, à la Demi-Lune

Commune d’Essonnes, (Seine & Oise)

par Moulin Galant (France)

Boutures de plantes.

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Vite Vite je te prie, il est déja bien tard pour bouturer !

Ah, un mot. Dommartin est ici, il a trouvé sur ma table, une photographie de toi, une vue de château, un château qu’il ne connaissait pas !! – Il a pris une plume & du papier calque, & a décalqué une partie de la photographie, & comme il sait que je t’écris, il a le projet de glisser dans ma lettre le décalque en question, en me priant de te demander quel est ce château ? Tu comprends que Dom ne peut vivre en ignorant le nom d’un château de la province de Namur.

Voilà réponds !

Encore : Le vieux père Aelens vit-il encore ?

Je t’envoie en même temps que cette lettre des N°s de l’Art Moderne avec l’article de Picard sur « l’infâme Fély » c’est pour nos vieux amis : Trépagne, Marlaire, &c. – Je soignerai ton jardin & quand j’irai à Namur, j’aurai le plaisir de voir mes élèves

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fleurir ton chalet.

Si mes boutures ne reprennent pas j’irai en Septembre, prendre des boutures moi-même & j’irai chez Mineur mineur prendre des boutures de quelques vieux Rosiers de mon enfance que je regrette comme de vieux compagnons. Je t’écrirai plus longuement, quoique ceci soit déja assez longuet, Dimanche ou Lundi prochains, – avec détails de bon jardinier.

J’espère que Caroline est en belle santé comme toujours.

J’irai en Avril, certainement vous voir, en attendant, embrasse-la comme je t’embrasse.