Numéro d'édition: 1568
Lettre de Félicien Rops à [Eugène Demolder]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Eugène Demolder
Lieu de rédaction
Corbeil-Essonnes, Demi-Lune
Date
1894/10/21
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
72039/36
Collationnage
Scan
Cachet d'envoi
1894/10/23
Lieu de conservation
France, Paris, Ancienne collection du Musée des lettres et manuscrits
Aucune image
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21 oct. 94.
Demi-Lune, Moulin Galand
par Essonnes
(Seine & Oise)
Pas de plume ! Rien d’étonnant ! J’ai un domestique « rangeur » Il aura « rangé » mon porte-plume ! Je t’écris au crayon Mon Cher Eugène, mon arme après tout ! Mon vieux crayon d’Uylenspiegel dont je vais tâcher cet hiver de renouveler la pointe ! Car je ne veux pas me laisser envahir par la tristesse ! Et le jour de l’enterrement de Mon pauvre cher Filleau, par cet après midi pluvieux, j’ai senti l’atteinte de « l’Ennemie » ! Les peupliers pleuraient des feuilles jaunes, une pluie fine mouillait les discours banales que psalmodiaient des MMrs d’Académie sur le « Cher mort » dont au fond ils se fichaient comme de l’immortel Colin-Tampon. Heureusement Reyer, la moustache énergique, la gueule solide, l’œil assuré d’un vieux lutteur était venu se camper près de moi & me disait : C’est embêtant hein Mon Vieux, les joyeux, les vivants, les bons qui s’en vont comme cela, et sans musique, heureusement !
– mais il faut nous foutre de la mort, comme toujours ! Allons debout ! et regardons la en face cette vieille garce sans tétons, et pour la narguer mieux, prenons par les fesses la première camuson que nous rencontrerons ! Cela fera plaisir à Filleau. Viens déjeuner avec moi, j’en connais une paire ici près : à l’enseigne « de la mère michel qui n’a pas perdu son chat ! » Béranger y venait, avant qu’on n’ait coupé les beaux acacias du bois de St Ouen pour établir cet horrible cimetière avec ses verroteries de l’article Paris & ses couronnes en toc ! « Et nous fûmes ! – Les
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meilleurs s’évadent vite des tristesses, dit Catulle Mendès ! Tiens ! je retrouve ma plume !! Donc Mon Cher Eugène tu continues à ne pas m’envoyer ton livre, tes livres :
Tu me dois – depuis trop longtemps ! – Les récits de Nazareth, – James Ensor. Allons accouche « sans les fers » – car tu es très «
Je suis très en train de faire des reproductions de croquis pour le « Supplément » au Catalogue de ce que j’ai fait, que va publier Ramiro : (Eugène Rodrigues) c’est une besogne très embêtante, mais absolument indispensable & nécessaire pour le volume.
Je ne peux être utile à Vos avant le retour de mon amateur, mais pendant l’hiver, je pourrai lui venir puissamment en aide. Tout le monde se porte bien, & l’on te fait de grandes amitiés. Je reste encore ici jusque fin novembre. Le 1er Décembre je serai à Paris.
Pour Vos je pourrai cependant lui envoyer quelques pointes sèches inédites d’ici à un mois, peut être avant. – Ce sont des pièces rares.
Voilà Mon Vieil, Paul viendra en Décembre. Tâche de l’accompagner.
Bons Compliments chez toi
Je te serre fortement la main
Félicien Rops
Détails
Support
1 feuillets, 2 pages.
Dimensions
indisponible x indisponible mm
Copyright
Ancienne collection - Musée des lettres et manuscrits