Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

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Je vous croyais en possession des épreuves annoncées dans ma lettre précédente, lorsque ce matin, mon domestique est venu honteusement m’avouer qu’il « avait oublié de les porter au bureau de poste » ! Je vous prie donc de m’excuser du retard involontaire. Elles sont parties par l’express de ce soir, & il est probable que vous les aurez demain matin.

Vous avez raison de ne vous occuper d’aucun autre vernis que du vernis mou blanc pour l’instant, le reste viendra après.

Dans deux ou trois jours vous recevrez encore de nouvelles épreuves.

Je vais essayer votre manière de mettre le vernis n°3. Mais qu’appelez vous : Benzine de Houille ? Chez Billaut, le premier m° de produits chimiques d’ici, j’ai demandé de la « benzine de houille, & il m’a dit qu’il ne connaissait que la « benzine rectifiée » ??

Quelle différence y a-t-il entre ces deux benzines ?

– Pour l’encre au sulfate de cuivre, faut-il la faire comme celle au nitrate : à saturation ?

À bientôt donc Cher Monsieur Rasenfosse,

Bonne poignée de main, je vous tiendrai au courant de tout ce que je ferai, & dès que j’aurai des épreuves nouvelles, je vous les expédierai.

Félicien Rops

Quand vous verrez Mr Morreels priez le de vous dire quelles sont les planches de moi dont il voudrait avoir des épreuves.

Voici la largeur de ma porte :

65 centimètres !

T.S.V.P

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P.S. une chose me vient à l’idée : Le vernis mou Ropsenfosse est parfait : il ne lui manque que de la solidité. Le copal est le produit que l’on emploie toujours pour solidifier les vernis. Je vais vous envoyer une bouteille de Copal à l’essence de Durosiez, & une bouteille de Gomme-Elemi. Vous ferez des essais 1° en faisant du vernis « en boule » et 2° en faisant dissoudre le Ropsenfosse comme l’indiquait Mr Morreels, mais en y ajoutant du Copal à l’essence pour le solidifier* * (on le poserait au pinceau & au rouleau dans le 2e cas.) – pas trop ! dans les deux cas. L’adjonction, d’où vous êtes parti, du Bitume de Judée tue le grain de l’ambre et il faut que l’ambre prédomine parce qu’il n’y a que l’ambre & la paraffine qui donnent des grains sérieux. Or : sans beau grain pas de vernis-mou ! et sans solidité pas de retouche ! axiome !

Un de mes amis, pour les retouches, encre sa planche, et laisse sécher. C’est ce que vous aviez eu l’idée de faire avec le noir d’Ivoire & le bitume de Judée, mais c’est encore du temps perdu ! & du « tripotage » ! Évitons, je suis de votre avis : « les chipoteries » !

– Et puis quel temps perdu !! Il faut trois jours pour que l’encre sèche ! Il est vrai que l’on pourrait y ajouter du siccatif de Courtrai. Mais encore le nettoyage de cela, éreinte les planches ! Non, il nous faut trouver un vernis mou blanc solide avec un beau grain ! Voilà !

Et si nous ne le trouvons pas, nous solidifierons le Ropsenfosse, et s’il est trop dûr on aura recours au Cautérium pour les retouches. Ce ne serait déja pas si bête un vernis assez dûr, avec grain, mou pendant le travail, étant chauffé très légèrement, et redevenant dûr pour la morsure ! Un cautérium serait facile à faire :

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un pupitre en fer avec trous, ou même en bois bien assemblé & ferré, et en dessous un carré de petits tubes à gaz :

Ce serait délicieux d’avoir un vernis solide pour la morsure. Car ce qui fatigue le Ropsenfosse, c’est l’application des papiers buvards pour sécher le vernis etc etc enfin : le travail de la morsure.

Voilà un post-scriptum plus long que la lettre, cela m’arrive souvent.

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