Écrivain français. A publié des critiques et des articles en utilisant le pseudonyme « Léon Fuchs ». Il est un des habitués du château de Thozée. Il dédicacera d’ailleurs les Amours buissonnières à Charlotte Polet de Faveaux (1832-1929), l’épouse de Félicien Rops. Il est aussi l’un des rares amateurs à posséder quelques-unes des œuvres du sulfureux artiste namurois.
Alfred Delvau est le fils de Nicolas Auguste Désiré Delvau – un maître-tanneur du faubourg Saint-Marceau, un quartier de la capitale aux bords de la Bièvre – et de Jeanne Catherine Méchet. Il raconte son enfance en 1854 dans Au bord de la Bièvre : impressions et souvenirs. Il se lance très tôt dans le journalisme puisqu’en 1846, il écrit pour La Réforme, un quotidien républicain fondé par Alexandre Ledru-Rollin (ministre de l’Intérieur en 1848) le 29 juillet 1843 dont Delvau deviendra le secrétaire particulier. Il publie aussi des articles et des chroniques pour des journaux satiriques comme Le Triboulet, Le Journal pour rire ou encore La Canaille. Delvau rencontre probablement l’éditeur alençonnais Auguste Poulet-Malassis (1815-1878) en 1848 avec qui il se lie d’une profonde amitié. Avec Antonio Watripon (1822-1864) et Poulet-Malassis, il fonde L’Aimable faubourien. Journal de la canaille, un bihebdomadaire qui ne comptera que six numéros entre 1848 et 1849. L’amitié entre les trois hommes est forte comme en atteste un épisode du 23 juin 1848, où lors des insurrections, ils avaient essuyé ensemble le feu des barricades, rue des Mathurins.
Entre 1848 et 1850, Delvau fonde parfois seul de nombreux journaux révolutionnaires comme beaucoup d’autres écrivains engagés. Malheureusement, ces derniers sont éphémères. C’est aussi à cette période qu’il publie son premier ouvrage dans le sillage de Balzac Grandeur et décadence des grisettes chez A. Desloges en 1848. Il fait « son entrée » dans la bohème parisienne au cours de l’année 1851. Il côtoie dans les années suivantes de nombreuses personnalités comme Charles Baudelaire dont il est l’un des proches. Vers 1856, il devient rédacteur en chef du Rabelais. Sous la plume de Léon Fuchs, Delvau publie dans Le Rabelais du 17 octobre 1857 un article dithyrambique sur Rops qu’il décrit comme « un Gavarni de la Belgique – un Gavarni doublé d’un Daumier ». C’est aussi dans le Rabelais que Delvau et Watripon défendront Baudelaire lors du procès de 1857. Cette année-là et en 1858, il fait l’objet de poursuites judiciaires (Dans Un aimable faubourien. Alfred Delvau (1825-1867), René Fayt précise que Le Rabelais a succombé aux poursuites pour outrages à la morale publique et aux bonnes mœurs après 70 numéros parus entre mars et novembre 1857 ainsi que son rédacteur, Delvau lui-même) .
Sa réputation de spécialiste de la littérature érotique et des mœurs parisiennes était parvenue aux oreilles de Rops qui entra en contact avec lui. Cette notoriété bien acquise vers 1860 va contribuer à la renommée de Rops en France. Delvau est le premier à parler des œuvres de Félicien Rops à Paris (même si ce dernier avait déjà été repéré par Nadar en Belgique). Delvau fait quelques passages en Belgique en 1862 et en 1863. Il fait partie des proches de la famille Rops comme en témoigne certaines lettres (e.g. lettre de Félicien Rops à Alfred Delvau, [novembre 1862], 13 Rue Neuve Namur, www.ropslettres.com, n° d’éd. 0797) ou encore la dédicace à Charlotte de son premier roman Les Amours buissonnières (paru chez E. Dentu à Paris, imprimé chez la Veuve Parent, Bruxelles, 1863).
Alfred Delvau va servir de guide à Félicien Rops dans le Paris cosmopolite des années 1860. Les liens tissés entre les deux hommes vont se manifester par les illustrations de plusieurs ouvrages érotiques comme Histoire anecdotique des cafés et cabarets de Paris (éditeur E. Dentu, 1862), Les Cythères parisiennes. Histoire anecdotique des bals de Paris (éditeur E. Dentu, 1864), ou encore de Le Grand et le Petit Trottoir (1866), qui lui apporteront quelques succès. Delvau est aussi celui qui introduit Rops en 1863 à Poulet-Malassis. Il compte parmi les intimes de Thozée et les rares amateurs à posséder quelques-unes de ses œuvres.