Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

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Depuis un mois je ne fais que pourparler avec un tas d’animaux étranges & très polytechnisieux : ingénieurs en chef, sous-ingénieurs, conducteurs, experts, jurés, etc &c &c tout cela pour ce diable de Chemin de fer, qui me prenant mon passage à la Seine, voulait tout simplement me le supprimer, en me donnant quelques sous d’indemnité. Je me suis tellement remué, que l’on me donnera un passage sous la ligne, avec permission pour moi, au besoin, d’y faire passer un tuyau d’approvisionnement d’eau de Seine. Mais pas le moindre sol d’indemnité !! Je m’en fiche, j’ai mon passage, c’est tout ce que je voulais, tant pis pour le reste. Je vais, dans une douzaine de jours vous n’allez pas y croire ! à Liége !! pour un jour, ce sera une course un peu rapide, mais puisque De Witte s’est remis au travail, je ne veux plus le manquer, & je veux mon portrait ! Puis cela me fera plaisir d’aller vous serrer la main la bàs. Malheureusement je n’aurai que très peu de temps à moi, ma fillette va chez Verwée, quelques jours, & il faut que je la ramène au port

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d’attache, j’irai la prendre à Knocke. Vous direz s’il vous plaît à DeWitte qu’il me fasse pour ce portrait les conditions qu’il voudra. J’y tiens, et beaucoup.

Je crois que je vais m’arranger avec un « bâtisseur » qui érige une maison à côté de celle d’Uzanne pour pouvoir y avoir au quatrième, un atelier avec appartement. – Ce serait l’idéal ! C’est la plus belle situation de Paris. Vraiment, le Marais offre de grands avantages au point de vue de la dimension & de la commodité des vieux appartements, mais c’est trop loin des « centres nerveux ». Je quitte dans tous les cas la place Boieldieu, en attendant ; & je passerai l’hiver prochain en la rue du Marché des Blancs-Manteaux, La maison du 16 du quai Voltaire ne pouvant être prête avant 6 mois. J’espère que ce sera mon dernier logis dans Paris, – j’en ai eu dix !

La retouche au Vernis, Mou ne va pas toujours comme je le voudrais. Lorsque la planche a des noirs ou des bruns, le travail que l’on fait aux crayons de mine de plomb sur calque, se distingue peu, & les autres crayons ne prennent pas bien sur calque, de sorte que l’on ne sait pas trop, avant la morsure ce que l’on a fait. C’est une difficulté qu’il faudra creuser ! Je parle surtout pour la retouche sur photographie ou plutôt sur photogravure. Si la planche est sombre dans sa tonalité générale, on en sort très

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difficilement. Le travail à repères que je faisais primitivement (voir brochure Delâtre) me paraissait plus facile. Je ne voyais pas toujours, mais les places étant connues, je m’en tirais avec plus de facilité ; tandis que maintenant je tâtonne plus, & quelque fois je travaille sans trop discerner ce que je tripote. Il nous faudrait un crayon fin dur & noir & marquant sur le calque ! Pas facile à trouver ! ah ! pas facile !! Envoyez moi ce que vous faites n’est ce pas ? À bientôt donc je l’espère. Il y a quinze ans que je n’aye été à Liége ! ah ! la vie !!

– (Le crayon Copal lithographique ferait notre affaire peut être ?)

Enfin en retouchant, j’ai raté la planche Violence & j’en suis désolé. Peut être arriverai-je à la retaper, mais j’en doute.

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