Numéro d'édition: 0062
Lettre de Félicien Rops à [Henri Liesse]
Texte copié
N° d'inventaire
LEpr/65
Collationnage
Autographe
Date de fin
2024/12/30
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops, Province de Namur
Apostille
1873-1874
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Mardi
Au grand galop !
Reçu ta lettre, Mon Cher Liesse, – Répondre à MrPierron, j’attendais ta réponse pour le faire. Tout cela va s’arranger & tu recevras 100 frs la semaine prochaine.
Bon Courage pour le roman. – Titre intéressant ! avec ton tempérament & ta facilité tu peux faire une bonne chose même pour les lecteurs de l’office de Publicité. Je regrette pour ma part la non publication des « Contes du pays Wallon ». Au fond Lebègue est un sot d’un âge avancé, mais il paie, ce qui fait passer par dessus sa sottise. Ici la littérature active est en plein réalisme : Zola, Goncourt & Flaubert sont les Dieux ; – Daudet suit en troisième ligne, Malot en cinquième. La maison Charpentier (qui l’eut cru !!) est un quise, & si tu avais en tête un roman de mœurs très naturaliste, je peux quand tu le voudras te faire ouvrir les portes de la maison. Connais-tu pas Huÿsmans l’auteur de Marthe c’est un franco-Belge-Hollandais qui habite ici, et a réellement du talent. Son roman a paru en Belgique. – Donne moi si tu la connais l’adresse d’Elmyre. Maurice est-il encore à Anseremme ? Je t’envoie ci-joint un croquis de lui que j’avais fait en octobre. La grosse comtesse de Neffe habite-t elle encore là avec le peintre Rovel Roves & « son ami » ? Que fait la jeune Marie Bricart ? Ranc fréquente-il toujours assidûment la maison ? Et Edmond & Dom ? – Vous êtes des êtres au moins bizarres de ne pas me donner de vos nouvelles plus intimes. Je parlais de Dommartin tout
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à l’heure avec Gouzien & nous nous étonnions de son mutisme à notre égard. Les questions d’argent, m’est avis, Mon Cher Liesse, ne doivent pas interrompre les relations intellectuelles & sympathiques qui existent entre amis de vieille date. Il faut un peu voir les choses de haut. « Toutes nos qualités sont incertaines & douteuses en bien comme en mal ; & elles sont presque toutes à la merci des occasions », celles de l’esprit seules sont immuables, c’est Larochefoucauld qui a dit cela Mon Cher Liesse & je crois qu’il n’avait point tort. Regarde notre ami Edmond : il m’écrivait souvent, & j’avais vraiment grand plaisir à recevoir des lettres qui n’étaient pas les tiennes, & qui étaient « autres », – une sotte discussion, basée sur un malentendu, arrive, pour une affaire de bachot ; il reconnaît le malentendu, mais il cesse de m’écrire comme s’il avait eu à se plaindre de moi. Je ne comprends pas ces façons de faire, quand on a à se plaindre d’anciens amis on le leur dit franchement, nettement, & l’on n’a pas l’air de les bouder pour des vétilles – Haghemans est-il toujours en vareuse ? Je t’envoie un croquis de lui « en canotier » fait l’an dernier en novembre-octobre, comme je te le disais tout à l’heure, passe le lui, il se rappellera notre promenade bizarre avec la grosse Comtesse.
Dis à Adèle Boussingault je te prie que je vais lui écrire & régler mon compte avec elle, & à son grand contentement.
Seras-tu encore en septembre à Anseremme ? Je vais aller à Thozée cette année avec Paul & je dévallerai quelque fois au milieu de vous pour quelques jours. J’achèverai là mon Musset. – si Camille Blanc ne m’entraîne pas à Dieppe.– J’ai besoin de faire des études de mer & ce serait une bonne occasion.
Que fait le bon Fontaine ? Comment n’est-il
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pas déja là ! – Je vois toujours R. Venneman & Adeline Dudley qui donnent des – Jeudis – où l’on s’amuse. Je roule beaucoup avec mon sac au dos dans tous les environs & dans la grande banlieue de Paris la banlieue extrême, & je découvre des trésors de paysageries : la Foret d’Armainvillers, Grosbois, Ermenonville, les étangs de Chaalis la Foret de Traconne &c &c Je loge dans de vieilles auberges de la Brie, du Valois, du Josas « aux Soleils d’or » pleines de rires & de voix joyeuses, où l’on paie 3 frs par jour & où l’on boit six litres de vin ! des petits vins rouges réjouissants ! le soir on va se coucher, – le lit est dur, mais la fille, aussi, cela se compense ; puis le lendemain l’on suit à nouveau les routes blanches étincelantes & crayeuses du bon
L’on suit encore sous les pommiers
La grande route de Normandie !
C’est la Marne, l’Oise, la Thève, la Nonnette l’Yvette, un tas de petites rivières comme la Lesse, inconnues des Parisiens qui croient connaître leur
Tout se fricasse, tout bruit ;
Et l’on chante là jour & nuit ;
C’est toujours fête !
Quand sous ce toit hospitalier
On demande à l’hôtelier
Si tout s’apprête,
Il vous répond avec raison :
« On n’a jamais dans ma maison
Fait une plainte !
On est servi comme il convient
Et rien n’est meilleur on sait bien
Qu’à la Grand’Pinte !
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À propos je te verrai dans tous les cas cet hiver, car je compte passer le mois de Janvier à Bruxelles, je me réinstalle au Rond-Point pendant un mois. Nous sommes redevenus bon camarades avec
Voilà un bavardage, à bâtons rompus réponds moi vite Mon vieux – & tâche de m’avoir l’adresse d’Elmyre.
À toi Mon Vieux Copain mes amitiés aux amis qui sont nos amis
Fély
Détails
Support
2 feuillets, 4 pages, Quadrillé (quadrlllage carré), Blanc.
Dimensions
206 x 134 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
musée Félicien Rops (Province de Namur)
Personnes citées
Félicien Rops
Maurice Bonvoisin
Henri Liesse
Léon Dommartin
Armand Gouzien
Edmond Carlier
Edmond Alphonse Charles Lambrichs
Joris-Karl Huysmans
Paul Théodore Joseph Rops
Georges Auguste Charpentier
Maurice Hagemans
Rosa Venneman
Elmyre Jansen
Alphonse Daudet
Victor Fontaine
Edmond de Goncourt
Alfred de Musset
Camille Blanc
Famille Bricart ou Bricard
Alphonse-Nicolas Lebègue
Monsieur Pierron
Émile Zola
Gustave Flaubert
Hector Malot
Rovel Roves
comtesse de Neffe
François de La Rochefoucauld
Adeline Dulait