Lettre de Félicien Rops à [Eugène Demolder]

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As-tu reçu mes lettres dans lesquelles je te parlais de de Groux ? Cela presse, & si les secours n’arrivent pas ils arriveront trop tard ! Degroux sera fou. Je suis parvenu à lui placer un tableau pour 200 frs ! sans cela il mourait de faim. Ah ! c’est que Paris n’est pas drôle pour les gens qui n’ont pas un talent vendable ! Et vous êtes tous les coupables là bas ! Vous avez rendu ce pauvre garçon comique d’orgueil, et « la vie » lui est rendue impossible. Il ne sait se plier à rien et se rend insupportable par sa morgue « géniale » aux confrères du métier, qui alors se foutent de lui avec toute la drôlerie & l’acerbité de l’atelier parisien. Il s’imagine qu’il « Baudelairise » avec ces poses d’un autre âge. Mais Baudelaire était le plus joyeux, le plus souple & le plus aigu des Parisiens. C’est après sa mort et par les gens qui ne l’avaient pas connu que lui est venue cette réputation de pose fatale ! D’où les bons petits enfants comme Degroux ! Pauvre mioche !

– Donc réunis et cette fois efficacement, les amis de Degroux. Se réunir pour dire qu’on fera « quelquechose » est

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inutile, si on le fait pas. Il est malade ce malheureux. Il tousse. Je le fais traiter. Le docteur dit qu’il devrait entrer la maison Dubois. Cela coûte 12 frs par jour la maison Dubois. Il lui reste l’hôpital simple. S’il était Français, tous les artistes lui seraient déja venus en aide. Il n’y a que dans notre pays que l’on qu’on laisse crever les siens.

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Lu ton livre, & avec bien du plaisir. Eeckoudt & toi vous êtes de bons écrivains Flamands-français. Tu as un bel outil, & une belle langue pleine, colorée & forte. Je t’embrasse pour cela avec plaisir. Cela fait deux artistes dans la famille. Et un archéologue qui est mon fils. Dire que je crée des archeologues !

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Vite pour de Groux ! et chauffe cela tas de « bâlouches » que vous êtes !

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