Numéro d'édition: 1826
Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Armand Rassenfosse
Lieu de rédaction
Paris
Date
1894/12/08
Commentaire de datation
Le 8 décembre tombe bien un samedi en 1894.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/6957/19/155
Collationnage
Autographe
Date de fin
1894/12/08
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Illustration
Lettre illustrée
Page 1 Recto : 1
Paris, Samedi 8 Déc 1894.
Mon Cher Ami Rassenfosse
Armand, je te remercie des renseignements donnés. J’ai attendu leur réception pour te répondre. Comme je te l’ai dit, j’espère beaucoup sur ce raisonnable mariage, pour le bonheur de Clairette. Le côté distingué, discret et bonne compagnie du personnage devait lui plaire. C’est une femme pleine de raison ; peu emballée, et retenant toujours les écarts d’imagination que Mlle ma fille. Je crois qu’elle pourra être très heureuse avec ce jeune clergyman ! Il est évident que le spectacle du bonheur calme dont plusieurs de ses amies de labàs, jouissent dans les seins de l’église Protestante, a pu l’influencer. Une de ses amies est je crois la femme de l’évêque de Windsor. Si elle était restée en Angleterre, je crois qu’avec ses goûts, Claire serait devenue une prélate de premier ordre. – À mesure que je le connais mieux, son fiancé me plaît bien. C’est un calme, très travailleur, & que je crois ambitieux, ce qui n’est pas mauvais. Par son talent très réel, par ce que j’en peux juger, et par l’opinion de gens « dont c’est la partie », il appartient à cette race de jeunes, pleine de pondération & de « bon français » qui semblent marqués au front pour l’Académie, comme Bourget, Coppée, et Henri Houssaye,
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au cas de Bénard. Je me suis informé moi aussi. Si Bénard était Belge, ce serait fait demain, parce que appuyé par la chancellerie de notre pays, pour les palmes académiques, auprès du ministre des affaires étrangères, cela rentrerait dans les attributions d’Hanoteaux, mais Bénard est Français ! et ce titre qui devrait lui être un appui, ne lui sert qu’a lui mettre un fort bâton dans la roue, pour la question dont nous nous occupons. Cela dépend alors de l’Intérieur & du Commerce, et comme ces messieurs les ministres s’imposent de ne pas mettre les pieds dans leurs compartiments respectifs, il s’ensuit que l’influence du bon Hanoteaux ne peut servir à rien dans le présent cas. Je le regrette, mais un de ces jours, je peux trouver un joint pour être utile, à Bénard, & je ne le manquerai pas, – pour toi naturellement.
Autre chose : connais-tu quelque chose pour faire noircir la taille sur des vernis blancs ? par exemple ces traits-ci sur vernis blancs :
Croquis
(Il faudrait que cela morde peu ou pas.) Ne m’avais-tu pas parlé de Sels de Bagnères ?
Si tu connais quelque chose, de facile à employer, dis le moi je te prie. J’ai besoin de cela, assez impérieusement. Rodrigues a dû t’envoyer une épreuve du frontispice ; – Je n’en reçois qu’un exemplaire, sans cela je ferais cet envoi moi-même. Merci pour tes envois. Ils m’ont fait grand plaisir, et je trouve que tu as fait, même pour ces choses de peu d’importance, au point du vue artistique, un progrès patent et constant. Du reste comme je te le disais, l’art peut se mettre dans tout, & tu te tires très habilement & d’une façon fort amusante de toutes ces choses commerciales. Tout sert, et j’ai appris à dessiner des chevaux, en dessinant pour feu le journal des Haras, de feu Ernest Parent ; où je dessinais plus souvent des modèles de crêches et de râteliers, que des coursiers fougueux.
– C’est bien cent et dix francs n’est ce pas le prix
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de la table que tu as achetée ici ?
Réponds-moi je te prie assez vite pour la liqueur à noircir les tailles. J’en ai grand besoin.
L’Installation à l’atelier avance, et quand tu viendras, tout sera prêt.
Bons Compliments à ton excellente femme, et embrasse mes petits amis. Veille sur toi et garde bien ton bonheur intérieur. Si tu peux m’agriffer une épreuve de mon portrait ! Ne m’oublie pas ! –
S’il arrivait bientôt. Nys en vendrait beaucoup pour le supplément.
Ton déja très vieil ami
Fély
Si tu as encore d’autres renseignements sur le jeune fiancé, envoie les vite je te prie, on ne pourrait jamais en avoir trop ! À bientôt
NB
J’ai tout à fait rompu avec le Pincebourde, & à moins de choses rares, & que je prévois pas, je crois que c’est bien fini. C’est une bête immonde & un imbécile ; – c’est trop. Je le croyais honnête et bête simplement, mais il est malhonnête & bête. C’est prouvé et vraiment : c’est trop !
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Gris-vert?.
Dimensions
178 x 225 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR