Numéro d'édition: 1117
Lettre de Félicien Rops à [Caroline Popp]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Caroline Popp
Lieu de rédaction
Mettet, Château de Thozée
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/7005/1
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Page 1 Recto : 1
Chère Madame,
Permettez moi de continuer à me vautrer dans mon inconvenance & dans mon incivilité natives. Comme la Lesbos de Baudelaire « je tire mon pardon de l’excès de mes fautes » je rougis comme l’églantine, mais cette preuve d’une candeur hors d’âge n’excuse rien.
Vous avez autorisé ma grossièreté, Chère Madame, – je la connais, elle n’en prendra que plus à son aise, et elle vient déjà, sans prendre vent, frapper à votre porte, & renouveler ses obsessions ridiculement déplacées.
Tout ce verbiage pour arriver à vous présenter mon bien cher ami Léon Dommartin rédacteur au Gaulois tout comme Armand Gouzien. – Il a tous les vices de l’autre, plus les miens pardessus le marché, & il n’en rougit pas, – le traitre ! – Je vous dirai Chère Madame qu’il est un peu
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mon frère & beaucoup mon ami ; je ne sais guère pourquoi je l’aime, mais cette amitié lui servira à quelque chose puisque c’est grâce à elle que je vous prie d’avoir pour lui toute l’indulgence que vous avez toujours eue pour moi & de vouloir bien lui faire une petite place à ce foyer si doux & si hospitalier où tous les Errants de l’Art retrouvent la patrie absente.
Mon ami Léon est bien sage, il est apprivoisé, il mange où on veut & tout seul, il se conduit bien en société seulement (!) il ne faut pas le laisser approcher des pianos sur lesquels il a l’habitude de se livrer a des exercices ignobles. C’est moins dangereux maintenant que par les chaleurs, mais on ne sait pas ce qui peut arriver & il est toujours bon d’être prévenue. J’ai souffert beaucoup de cette affection touchante.
Excusez moi donc encore une fois Chère Madame, & merci pour Léon & pour moi, ne le dites pas à Octave Pirmez il me reprocherait de nouveau « ma terrible inconvenance ». – J’oubliais ! : la frisure de celui ci est naturelle, absolument naturelle ! Mettez lui la tête dans l’eau & vous verrez, cela reste admirable ! – mais, – il n’a pas fait les Feuillées,
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quand on ne laisse seul avec les petites fleurs bleues, il s’assoit dessus ! & quand il se trouve « avec l’Océan sous le regard de Dieu » il se gorge de mollusques au lieu d’élever son âme vers l’Éternel. – c’est tout ce que ça lui dit.
Je serre bien cordialement les mains de Monsieur Popp & d’Adolphe, je vous prie de me rappeler au souvenir de votre Chère bonne & belle famille, – croyez moi bien Chère Madame le plus déplacé mais le plus dévoué de vos amis & acceptez mes respectueux Compliments.
Félicien Rops
Château de ThozéeMettet.
Léon Dommartin est chargé d’expliquer l’impossibilité de la correspondance du Journal de Bruges.
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Lisse, Crème.
Dimensions
209 x 270 mm
Mise en page
Écrite en Plume Sépia.
Copyright
KBR