Numéro d'édition: 1361
Lettre de Félicien Rops à [Henri Liesse]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Henri Liesse
Lieu de rédaction
Paris
Date
1876/06/20
Commentaire de datation
Dans cette lettre, Rops évoque l'extrait d'un contrat dans lequel il indique "1876".
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
ML/02073/0007
Collationnage
Autographe
Date de fin
1876/06/20
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Archives et Musée de la Littérature
Page 1 Recto : 1
Paris
20 juin
jour de la
fermeture du
Salon ! –
Rectuis vives Licini neque altum
Semper urgendo neque, dum procellas
Cautus horrescis, nimium premendo
Littus iniquum
!Tu vivras plus heureux Liessus, si tu ne vas pas au loin sillonner la haute mer, & si, par une crainte excessive des tempêtes, tu ne rases pas de trop près les écueils du rivage !
Horace
odes.
Cher Vieux
Une des choses qui me consolait de ton départ était le plaisir de te tenir ici & de te faire fête pendant une dizaine de jours. Ainsi tu pars ! je n’ai pas le courage de t’en blâmer, moi qui « pars toujours » mais cela me fait peine de ne pas passer un fort bout d’été avec toi. – Tu me donnes bien peu de renseignements sur ton départ & sur ton voyage. Gardes-tu ton « mobilier artistique » ? Gardes-tu ta chambre ? Comptes-tu te fixer la bàs pour quelque temps ? Comptes-tu revenir à Bruxelles ? Pour combien de temps pars-tu ? Je ne t’ai pas répondu 1° parce que j’ai dû d’abord remettre la Fantaisie aux Champs à mortier (le mr de l’orchestre) du Figaro.
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& 2° attendre sa réponse. Il me l’a donnée hier au Café du Helder. Il trouve, comme moi d’ailleurs, la chose gentille mais il me dit que le supplément du Figaro du Dimanche est justement créé par Villemessant pour tirer au public une carotte d’un sou, en lui donnant une feuille de papier qui ne lui coûte jamais un centime de rédaction. Voilà : Donc si tu veux que cela paraisse cela paraîtra – dans le courant des six mois mais « prose non payée », et il n’y en a pas de payée au supplément ! Lemonnier a donné à l’œil « l’école aux champs ».
Qu’y a-t il de remarquable à l’Exposition du Cercle ? que devient Edmond ? que devient Dom ? que deviennent nos amis ? où sont les neiges d’Antan ? Je t’envoie une épreuve du frontispice. je n’ai que cela sous la main. Parlons maintenant de mes affaires & des tiennes : J’étais occupé à parfaire ma quatrième planche du
J’ai « suspendu » malgré mon droit, mon contrat, & l’embêtement que cela me causait – au point de vue pécuniaire puisque cela me suspendait les écus d’or pendant mai & juin, – écus sur lesquels je comptais fort mais bien m’en a pris. La « suspension » dans l’exécution du contrat provenait – qui l’eut cru !? – du succès que venait d’obtenir le frontispice & la première planche du don Paez – (je te fourre une très mauvaise épreuve d’état du don Paëz.) Lemerre voulait consulter ses commanditaires & me confier toute l’illustration du
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ma direction – Au lieu de quatre planches par mois je dois en livrer huit. mais je fais graver par qui je veux – Mes compositions sont payées 500 frs ce qui est un prix formidable pour les 56 compositions du
Extrait du contrat :
« Chaque composition dans le format in 4° exécutée par MrFélicien Ropset gravée soit par lui soit sous sa direction lui sera payée la somme de cinq cents francs.
Il s’engage à en livrer quatre par mois.
Chaque gravure format in-32 exécutée d’après ces compositions in 4° lui sera payée la somme de deux cent & cinquante frs., – soit exécutée par lui, soit sous sa direction – quatre par mois.
Le présent contrat partira du 1er Aout 1876. & aura force d’exécution le 30 aout de la même année. »
&c &c &c
Donc mon vieux je toucherai 3,000 frs par mois à partir du 30 Aout – en en retranchant 1,200 à 1500 pour le payement de mes graveurs (1,500 est le prix fort) il me reste a peu près de 18 à 20,000 frs par an avec lesquels on peut vivoter & payer les intérêts à son ami Liesse fut-il à l’île St-Helène comme le Grand Napoléon 1er du nom. Ajoute à cela le prix des compositions exécutées sur papier Vergé & « dessinées jusqu’aux bout des ongles » que l’on peut évaluer à une dizaine de mille francs je crois que tu trouveras que j’ai eu raison de venir ici. –
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Je vous ai bien souvent regretté cependant toi, Mon bon Edmond, & Léon ; Nous formions un bon coin, – gens qui se sentaient sympathiques tout plein les uns aux autres ; depuis le Blankenberghe de 1872, c’est le quatrième été depuis qui chauffait nos échines, & la gaieté ne s’était pas ralentie. La vie vous entraine & l’on s’en va !! Pourquoi partir ? on ne sait pas ! les bons jours reviendront. Je ne connais rien de joli comme la fin du 2e volume d’Aristide Froissard lorsque tous les vieux amis se retrouvent par une belle soirée d’été & se disent les choses vécues. Nous nous écrirons beaucoup. Ton séjour à Bruxelles aura été bon pour toi puisque tu y a fais quelques vrais amis, qui t’aiment. On ne refait pas les jours passés, on en refait d’autres. Je te vois dans ma petite maison de Neuilly prenant le café sur la terrasse, Edm tu reviens de Crète et nous sommes en 188…. Edmond est gros comme un muid, marié – bourguemestre de Mons et il a mis son fils en pension à Paris pour venir de temps a autre pincer une vieille noce ici. – Dom habite Asnières et prétend que ses cheveux repoussent. il les porte sur les reins et vient d’obtenir un vrai succès avec des Contes Gaillards du Païs Wallon écris en vrai francais.
Croquis
c’est transitoire !!
Aurélie est une de ces grassouillettes parisiennes de trente ans qui gardent si longtemps la jeunesse de leur sourire. Moi j’aurai le vrai casse-noisette et je serai « l’illustre illustrateur
Détails
Support
1 feuillets, 4 pages, Vergé, Crème.
Dimensions
206 x 272 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
AML