Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

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En steeple !

cinq minutes d’arret !

Oui, Siret était à Anseremme, mon Cher Suffète & l’enseigne du Repos s’en écaillait d’horreur ! Moi je me suis promené avec lui ! il me semblait que je faisais un voyage en province avec l’ombre de Mr de Jouÿ ! Ce que c’est de nous ! – Quant aux eaux fortiers Belges je n’ai pas exposé, mon ami, parce que j’étais « en froid » avec ces Messieurs. Comme toujours – toute idée étant fatale à ses premiers apotres ! – les tailleurs de la Société des Aquafortistes m’ont joué un tas de petites fafarces maroliennes, dont le recit serait trop peu intéressant pour l’écrire, mais je te raconterai en deux ou trois cigares, – un de ces jours, en nous baluchonnant sous les feuilles jaunes. Ce que je maintiens simplement & ce qu’il faut dire afin que « nul n’en ignore » comme disait Devos, l’huissier que MmeBillen ma propriétaire, chargeait de ses recouvrements ; – c’est que : sans moi il n’y aurait en Belgique ni Société des Aquafortistes, ni Aquaforte, ni aqua de n’importe quoi, c’est moi qui ai réimplanté l’eau forte en Belgique. Ma modestie, qui est une fille de joie, m’autorise à me dire ces choses là à moimême ! En 1865 il n’y avait en Belgique que quelques vieux bonshommes qui découpaient du crin sur du papier & se persuadaient que c’était ça une eau-forte. Leurs noms ? – demandez à la terre !! C’était Lauters, Kuytembrower – (en voilà un laryngicide !) – Dillens, Roelofs, − un tas de manchots en rupture de Ste Gertrude, qui gravaient sous eux & se consolaient de leurs humeurs froides en pratiquant la hachure sexolangiforme à points redoublés, chère à Calamatta. – Je vins veni – vidi

– engueulavi ! Je sortais du quai Voltaire où je venais d’habiter

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face à face avec Wagner, − côte à côte avec Baudelaire, vis à vis le Louvre qui n’avait pu me faire baisser les yeux !!! Dans le silence des nuits, nous préparions avec Braquemond & Lalanne, sous la direction de Jacquemart, notre Mirabeau, les morsures révolutionnaires. Le chlore des incantations – le perchlorure de fer aux reflets rouges, l’ammoniaque cautérisant, les sinistres acétates, – le bichromate de potassium redouté des mères ! noircissaient dans l’ombre leurs précipités et nous communiquaient leurs effervescences. – L’Eau Forte moderne surgissait des vapeurs bizarres, les cheveux taillés d’une nouvelle façon & médusait les derniers burinistes. Henriquet Dupont – (rien du Pont neuf !) lui-même en était vert ! Je pris le train de trois heures cinquante & je vins en Belgique apporter la bonne parole. Je fonde la Société des Aquafortistes. Ici commence un travail de géant. Il fallait tout faire, tout créer, – Il n’y avait ni imprimeur, ni presses, ni papier ni aqua ni fortistes ! – Il y avait des pianos-forte mais cela ne pouvait pas servir ! J’ai tout fait ! Nys couvert d’or a quitté Cadart, j’ai fait sortir des presses des greniers de l’hôtel de ville !! J’ai fait fabriquer des papiers qu’eussent baisé Alde & Elzevir ! J’ai fait des Aqua peu fortistes mais enfin j’ai fait ce que j’ai pu. Sturm (le meilleur) Hippert, Goethals, Boulanger, Vanderhect &c &c &c vingt &c &c ont été mes élèves Je tiens à le constater voilà tout. J’ai été le rénovateur de l’Eau forte en Belgique

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je borne là ma simple gloire & je moque du reste comme d’un « petit Fritz » − Je tiens à ce qu’on le constate après l’avoir constaté moi-même, − voilà tout.

Quand tu verras, Lagye & Rousseau lis leur ce petit mot écrit en riant, mais sérieux au fond.