Écrivain belge francophone avec qui Rops collabore à plusieurs reprises. Rops adresse au moins une quarantaine de lettres à De Coster principalement entre 1857 et 1867. Né de père flamand (Augustin-Joseph De Coster) et de mère wallonne (Anne-Marie Cartreul), Charles est issu d’un milieu modeste. Ses parents étaient au service de Monseigneur d’Argenteau, comte de Mercy, nonce apostolique en Bavière et archevêque de Tyr.
La famille De Coster s’installe à Bruxelles vers 1830 ; Charles est élevé par sa mère et sa tante – Marie-Charlotte Cartreul – suite au décès de son père en 1834. Il est choyé par sa mère qui souhaite un meilleur sort pour son fils. En 1844, vraisemblablement grâce à l’intervention de la baronne d’Hoogvorst, sœur de Monseigneur d’Argenteau, et son mari, commissaire de la Société générale de Belgique, Charles obtient un poste d’employé administratif tel que voulu par sa mère. Après six années, miné par la monotonie de sa condition et des rêves d’écriture, il s’inscrit à la jeune Université libre de Bruxelles en décembre 1850 à la Faculté de droit. C’est au sein de la Société des Joyeux, un cercle bachique et littéraire fondé à Ixelles que Charles De Coster et Félicien Rops vont se rencontrer probablement vers 1851, date à laquelle Félicien est signalé au sein de la société. L’écrivain en a d’ailleurs rédigé la Charte inaugurale le 16 septembre 1847.
Epris de liberté, les deux hommes ont été membres de la Franc-maçonnerie et de la Libre Pensée. Charles De Coster est initié, par l’entremise du journaliste et pamphlétaire libéral Charles Potvin (1818-1902), le 7 janvier 1858 dans la loge « Les Vrais Amis de l’Union et du Progrès réunis », à l’Orient de Bruxelles. Alors que Félicien Rops est initié apprenti franc-maçon le 1er juillet 1861 à la loge « La Bonne Amitié » à l’Orient de Namur.
En 1856, De Coster participe avec Rops à la création de l’Uylenspiegel, journal des ébats artistiques et littéraires (1856-1863), un hebdomadaire qui se veut libertaire et anticonformiste. Sous le pseudonyme de Karel, il y signe des réflexions politiques et ses premiers essais littéraires. En 1858, il publie Les Légendes flamandes, ouvrage pour lequel Rops compose son premier frontispice. Rops illustre ensuite ses Contes brabançons (1861) et réalise trois eaux-fortes pour La Légende d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs, éditée en 1867 par la maison d’édition Librairie internationale A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, à qui l’on doit l’édition en 1866 des Misérables de Victor Hugo. Deux années plus tard, lors de la seconde édition, l’ouvrage s’intitulera La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs. Il s’agit de la dernière collaboration entre De Coster et Rops. A cette époque, le rapport de force a changé puisque l’artiste possède un statut nouveau et devient plus autonome par rapport à l’écrivain.
Charles De Coster est influencé par ses lectures (Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Balzac, Dumas, de Musset,…) mais aussi par les arts : il fréquente les milieux artistiques – il est notamment l’ami de Charles de Groux (1825-1870) ou encore Xavier Mellery (1845-1921) –, visite les musées, … Le génie de De Coster est surtout le fruit d’un travail acharné et d’une longue patience. En effet, c’est surtout à partir de 1856 que son style va se forger après des débuts littéraires plutôt laborieux. Son amour des traditions locales a marqué une génération d’écrivains après lui comme Camille Lemonnier (1844-1913), Georges Eekhoud (1854-1927) dont De Coster fut le répétiteur à l’Ecole royale militaire ou encore Eugène Demolder, futur gendre de Rops (1862-1919). Caroline De Coster, la sœur de Charles épousera un autre ami de Rops, le namurois Armand Dandoy et deviendra l’une des amies proches de Charlotte Polet de Faveaux, l’épouse de Félicien (Lettre de Félicien Rops à Caroline De Coster, Namur, 15 août [1865], n° d’éd. 3326).